Don Quijote : la séquence du "Miserere d'Allegri".

Que fait Don Quichotte pendant que Sancho Pança instruit sa « maison » mère, c’est à dire met en place une société civilisée ou un foyer ?

Rappel : Sur le Miserere d’Allégri, Sancho Pança danse la vie. 
Rappelons qu’elle est la partie féminine de l’histoire que nous racontons, et que Don Quichotte à la recherche de son « inaccessible étoile » cherche aussi sans savoir qu’elle est à l’intérieur de lui même.
La danse de Sancho Pança commence avec le début du Miserere, dans la joie et la bonne humeur car la vie est source de joie. 

Cette joie et cette danse constituent un hymne à la nature à laquelle se trouvent confrontés les hommes.
 Celle-ci peut parfois être hostile, et les hommes se doivent de s’adapter à elle en la respectant et sans se heurter à elle. 
La danse de Sancho Pança relate ce long combat contre les forces de la nature. Pour le mener, Sanho Pança choisit de s’y conformer et de s’adapter au cycle des saisons et aux caprices de la Nature. 
Les voix d’homme du Miserere qui se succèdent dans un mouvement incessant avec celles des femmes, représentent l’effort réalisé par les hommes pour construire les éléments liés à leur survie. Elles représentent la main droite, celle de l’ascétisme et de l’effort. 
Pendant ces voix, Sancho Pança mime les différents travaux liés au cycle de la nature.
 Il sème d’abord ce qui va constituer le blé nécessaire à nourrir sa famille.
 Il est la moissonneuse.
Puis arrivent des voix féminines pendant lesquelles Sancho Pança donne à voir la joie que lui procure la fin de ce travail, vient se mêler l’eau qui coule, celle ci est nécessaire à ce que les grains de blé germent afin de donner le pain qui va servir à nourrir une famille ou un ensemble d’individus.
Puis les voix d’homme reprennent, c’est la période de la moisson après la pluie, Sancho Pança ramasse les épis de blé et les stocke dans des réservoirs imaginaires. 
Il-Elle peut enfin se reposer et mime à nouveau la joie du travail bien fait. 
Sa maison est construite, lui-elle et les siens sont en sécurité. 
Les voix de femme représentent la main gauche, celle de la prodigalité et de l’abondance. On la retrouve avec la main droite dans la Kundalini, issue des croyances venues d’Inde, bien antérieures au christianisme et qui en sont la source. e dey sains sont faites pour être unies et en équilibre parfait l’une avec l’autre, c’est ce que représentent les mains jointes des chrétiens en prière que l’on retrouve sur le figures récurrentes de la statuaire chrétienne dans nos églises.
Ce geste représente une volonté d’unir au sein d’un même esprit ce qui parait s’opposer et est en réalité complémentaire : deux natures qui n’en font qu’une.
Puis Sancho Pança mime le travail de la femme en train de procréer puis de mettre au monde un enfant…sur les voix de la main droite. 
Elle se relève et donne au monde son enfant premier né. Cette partie a une portée symbolique très forte l’enfant est donné au monde dans la joie, sur les voix de choeur de la main gauche. 
Les bras sont tendus comme le veut la liturgie catholique, qui montre ainsi l’ECCE HOMO impassible dans l’adversité car né de l’amour de celle qui l’a porté et mis au monde. Il s’agit d’un passage important de la chorégraphie.
Puis elle recommence suivant le cycle infini du travail et des joies humaines au fil de l’évolution des temps et des civilisations.

Que fat Don Quichotte pendant ce temps ?
…Lui a pris le pli de maitriser la nature et de la dominer au lieu de se conformer à sa toute puissance et de s’y adapter en choisissant comme Sancho Pança la voie de l’humilité très chrétienne celle qui consiste à ne pas se considérer comme une espèce au dessus des autres mais située au même rang d’importance dans une infini échange d’attitudes respectueuses entre lui et les éléments principaux de la nature.

Il commence par errer un peu et à regarder ce que fait Sancho Pança qui ici n’est pas considérée comme sa compagne mais comme une autre être humain issu de la même espèce, avec laquelle il peut échanger librement, dans les limites que lui impose cette attitude respectueuse dont nous  parlions tout à l’heure.
Mais comme Don Quichotte, dont nous avons relaté le portrait dans la première page de ce blog a eu une éducation qui lui a fait croire qu’il était  différent des autres de par son hérédité guerrière  et la référence à ses ancêtres illustres en Espagne.
 Il veut, comme l’a décrit Cervantès, accomplir cette mission qu’il croit être de combattre jusqu’à ce que les moulins à vent qu’il pourfend vainement, deviennent des guerriers adversaires imaginaires.
Au début Don Quichotte est calme, il essaye même de copier Sancho Pança mais il est tellement obnubilé par cette fameuse mission qu’on lui aurait donnée de naissance, qu’il n’y met pas son coeur, et finit par voir, placée par Sancho Pança lors d’une séquence chorégraphique précédente, la lance qui est placée contre le mur juste à côté de l’échelle. 
Il s’en empare, joue avec…Rappelons que au début de la pièce chorégraphique, Don Quichotte était allongé par terre sa lance à ses côtés lors d’un combat, il s’était évanoui et lorsqu’il se réveille, il a tout oublié… seule subsiste la fameuse mission dont il ne connait pas vraiment le sens, mais qui est inscrite dans son inconscient familial…

Il joue un peu avec sa lance, la soupèse, la tord dans tous les sens, puis commence à s’essayer à quelques passes, mime un jeu de duel avec un adversaire imaginaire…refait quelques pas à l’espagnolade en grand seigneur espagnol…
Puis c’est la dégringolade, alors que Sancho Pança éreinté par les travaux ben accomplis s’endort enfin du sommeil du juste, il se lance dans un affreux pugilat sur une nouvelle musique qui commence, celle des Walkyries de Wagner…
On passe alors à une nouvelle séquence.

La scène est violente, puisque Don Quichotte et sa lance pourfendent forces ennemis imaginaires, et ne font pas de quartiers, Don Quichotte s’agite dans tous les sens et semble retrouver les mouvements et les gestes qui ont ponctué sa carrière victorieuse de militaire après laquelle il s’était évanoui. 
Après une bonne période (10 minutes) pendant laquelle Don Quichotte s’en donne à coeur joie, Sancho Pança se réveille enfin et s’aperçoit que quelque chose menace ce qu’il-elle a créé dans la joie et le travail.
Elle s’élance alors vers lui et cherche à lui prendre sa lance afin que le massacre prenne fin.
Tous les deux s’arrachent l’instrument se battent, tombent par terre, Sancho Pança prend la lance, Don Quichotte la reprend, ils finissent par la tirer chacun de leur côté, épuisés.
Ils finissent par terre, tenant encore la lance à eux et dans un dernier soubresaut, Sancho Pança finit enfin par la garder auprès d’elle alors que Don Quichotte s’évanouit une deuxième fois épuisée, il s’endort lui aussi.
Cette partie formée de deux musiques lourdes à porter est une partie qui montre la tragédie liée à la guerre qui détruit les foyers, les sociétés, la civilisation.Le réveil se fait dans la douleur sous les accents des violons du quatuor n°8 de Chostakovitch. Fourbus et plein de courbatures, nos deux compères tentent quand bien que mal de se lever…
La musique aidant, c’est un long réveil qui nous le verrons va être douloureux lorsque les deux danseurs s’apercevront du spectacle qu’offre le massacre qui a précédé.

La musique qui suit est encore plus lourde…

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