"Trois temps, trois mouvements.."...
« Trois temps trois mouvements » est une chorégraphie qui règle en dix minutes la question du temps et de son existence.
La chorégraphie ici présentée a d’abord été longtemps travaillée sur une musique qui dure 23 minutes celle du quatuor numéro 8 de Chostakovitch.
Sur ces 23 minutes, qui suivent fidèlement le message de la musique, voulue par son compositeur monstre de la musique, on danse l’horreur de la guerre et de la barbarie.
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Se battre contre ces traumatismes enfouis du profond de l'inconscient qui mélangent passé et présent et empêchent d'aller de l'avant. |
1942 : en pleine guerre mondiale, les individus, tentent de survivre à l’horreur.
Certains derrière les barbelés, d’autres dans l’antre sacrée et privilégiée des cabarets parisiens de pendant la guerre.
Tous sont alors conditionnés par ce qu’il se passe à certains endroits de la planète et, comme traumatisés, tentent de survivre à leur façon.
Pour certains, il faut échapper aux barbaries et à l’horreur, et survivre quand même, tout en ayant de la compassion pour ceux, moins chanceux, qui ne sont plus debout…
Pour d’autres, il faut composer et sourire, et s’amuser malgré ce qu’il se passe au dehors.
L’enjeu, c’est de faire renaître l’Etoile, cette fameuse étoile qui cherche à nous montrer le chemin vers des jours meilleurs, celle ci est quelque peu abîmée mais tel un éternel leitmotiv elle revient toujours et à chaque fois plus forte.
Appelée étoile du Berger, elle nous montre depuis plus de 2000 ans, le chemin vers une autre étoile, plus évoluée : l’Etoile du Sud.
Cette chorégraphie s’inscrit elle même dans une série plus longue de séquences dansées sur d’autres musiques, qui toutes, ont trait à l’horreur de la guerre et à la nécessité de réparer et de pardonner. Il faut reconstruire et tenter de mettre en place une logique de civilisation pour ne plus être entravée dans la marche vers des auspices meilleurs. Voilà le message de cette chorégraphie d’une heure trente.
50 ans ont passé, revoici notre étoile.
Cette fois ci, celle-ci tente désespérement de refaire surface à nouveau, et nous montre son évolution.
Les musiques ont changé, la nécessité de faire révolution, se fait jour, mais le temps compte.
Le temps d’hier mais aussi celui d’aujourd’hui.
Les trois musiques se succèdent.
Avec « Le temps » de Georges Brassens, on se relève doucement et on cherche à prendre le temps de construire, de « faire politique ».
Mais la chorégraphie qui est la même que sur Chostakovitch et se calque sur cette musique là aujourd’hui absente car signe d’un temps révolu est peu en phase avec le rythme et le message de celle de Georges Brassens.
Le traumatisme causé par la guerre a laissé des traces dans l’inconscient collectif et l’Etoile a toujours du mal à se relever et à être aussi parfaite qu’avant.
Et puis, le jeu chorégraphique est à l’écoute d’une musique qui est absente, celle du passé, car l’inconscient collectif même, celui de ceux qui n’ont pas vécu la guerre, est marqué par ces années et leur barbarie, tant pis, on continue à évoluer tant bien que mal, lorsque vient la chanson « le Temps des Cerises », elle fait appel à des temps plus heureux et à notre inconscient révolutionnaire, comme un appel pour nous aider malgré tout à continuer l’effort vers le Politique.
Lorsqu’arrive la troisième musique sur les 10 minutes, on est prêts à cueillir la modernité mais là encore, on danse toujours sur le vibrato du passé comme traînant tel un boulet le passé de barbarie, mais la musique est là qui nous entraîne quand même.
Puis, on retombe allongés par terre, comme pour commencer un nouveau cycle. Un véritable travail de mémorisation d’une chorégraphie préexistante qui se danse avec une autre musique que celle qui est utilisée dans l’instant présent pour mieux reproduire la puissance du passé et des traumatismes non réglés avec son corps.
Un forcing avec les événements et l’inconscient collectif, pour mieux dépasser celui-ci.
C’est comme si on s’efforçait sans joie et sans affects, anesthésiés et hypnotisés par un passé douloureux, de briser un mur invisible.
C’est très Kantien.
Un forcing avec les événements et l’inconscient collectif, pour mieux dépasser celui-ci.
Pour le danseur, un travail d’écoute d’une musique qui n’est pas là pour reproduire la performance d’un danseur qui est dans l’instant présent mais reste accroché à son passé qui le freine.
Toute la difficulté consiste à ne pas tomber dans la tentation de danser sur la musique d’aujourd’hui et de toujours se retenir pour ne pas oublier le passé.
Une véritable performance, qui est en même temps un exercice permettant de renforcer le lien avec le corps dans la chorégraphie, avec une musique différente mais qui a quand même son histoire. Une révolution plus sage, plus à l’écoute, pour ne pas reproduire la barbarie.
Mais cependant, à la troisième musique, celle choisie par Maurice Béjart pour ses travaux : "Henry Colombier : "Messe pour le Temps présent", le mouvement naturel du corps, tout à sa chorégraphie lancinante reposant sur un temps passé, se plaît par intermittences à bifurquer et par se laisser aller à s'échapper dans quelques divagations impromptues, comme des bulles de savon qui s'envoleraient dans le ciel et nous appelleraient à nous abandonner vers davantage de légèreté. Un message d'espoir que cette quasi certitude que la révolution sans cesse interrompue par des événements tragiques finit toujours par reprendre le dessus et par régner en maître lumineux et en mouvement perpétuel sur nos destins et le cours de notre histoire.
Mais cependant, à la troisième musique, celle choisie par Maurice Béjart pour ses travaux : "Henry Colombier : "Messe pour le Temps présent", le mouvement naturel du corps, tout à sa chorégraphie lancinante reposant sur un temps passé, se plaît par intermittences à bifurquer et par se laisser aller à s'échapper dans quelques divagations impromptues, comme des bulles de savon qui s'envoleraient dans le ciel et nous appelleraient à nous abandonner vers davantage de légèreté. Un message d'espoir que cette quasi certitude que la révolution sans cesse interrompue par des événements tragiques finit toujours par reprendre le dessus et par régner en maître lumineux et en mouvement perpétuel sur nos destins et le cours de notre histoire.
Et toujours, derrière, le sens immanent et irréductible car naturel de nous tous ou chacun de nous vers la révolution permanente. Lorsque le nouveau cycle révolutionnaire commencera , on aura renforcé notre vocation révolutionnaire, on l’aura enrichi et solidifié au point de le rendre un jour inébranlable.
C’est le message de « trois temps, trois mouvements », 10 minutes sur trois chansons, dansé au Louvre-Lens, dans la Galerie du Temps.
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